Flâner entre les intervalles : textes inédits / Jacques Higelin
Jacques Higelin
Edité par Pauvert , DL 2016
Bien sûr, on le sait poète. Grand maître de l'improvisation, capable d'enchanter le monde dans ses refrains. On l'imagine moins absorbé dans le silence, penché des heures durant sur ses cahiers. Inspiré, concentré, traquant sans se lasser le motle plus juste, le plus pertinent, le plus étonnant.Tel est pourtant Jacques Higelin. Auteur acharné qui, depuis près de quarante ans, noircit des pages où se côtoient l'humour, le désir, les tourments, le plaisir, la sagesse, la folie. Ce trésor d'écriture, il l'avait jusqu'ici gardé secret.Aujourd'hui, Jacques Higelin a choisi de publier une centaine de ces textes inédits, longs ou brefs, épiques ou incisifs, écrits entre 1982 et 2015. Par petites touches, le livre nous dévoile aussi quelques uns de ses secrets d'écriture.Un recueil tour à tour drôle, surprenant, bouleversant. Ode à la créativité et à la liberté.
Support : Livre
Avis des lecteurs
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Flâner entre les intervalles Jacques Higelin
Un titre comme une tentation, une invitation à changer de rythme, à décaler son regard. Higelin amoureux du verbe, on savait, mais on découvre un artiste-artisan désireux de trouver l'association qui fera mouche, qui percutera nos sens. Poète qui en évoque un autre, Pablo Neruda, dans un paragraphe sur les mots " Il sont si beaux que je veux les mettre tous dans mon poème... Je les attrape au vol, quand ils bourdonnent, et je les retiens, je les nettoie, je les décortique, je me prépare devant l'assiette, je les sens cristallins, vibrants, éburnéens, végétaux, huileux, comme des fruits, comme des algues, comme des agates, comme des olives... Et alors je les retourne, je les agite, je les bois, je les avale, je les triture, je les mets sur leur trente et un, je les libère... Je les laisse comme des stalactites dans mon poème, comme des bouts de bois polis, comme du charbon, comme des épaves de naufrage, des présents de la vague... Tout est dans le mot... Une idée entière se modifie parce qu'un mot a changé de place ou parce qu'un autre mot s'est assis comme un petit roi dans une phrase qui ne l'attendait pas et lui a obéi... " (extrait de J'avoue que j'ai vécu, 1974) On pénètre plus profond dans l'univers du poète, peut-être parce que l'on prend son temps. Importance de l'amour, force de vie. Un livre qui embellit les journées.
par Patricia Le 18 février 2021 à 22:42