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La brigade de Miss Morgan / Janet Skeslien Charles
Livre
Edité par JC Lattès ; Normandie roto impr. - 2025
1917 : L'héritière Anne Morgan fonde le Comité américain pour les régions dévastées afin d'aider à la reconstruction, et engage Jessie "Kit" Carson, de la New York Public Library, pour créer quelque chose d'inédit en France : des bibliothèques pour enfants. Après la guerre, Carson poursuit son oeuvre en transformant des ambulances en bibliobus et en formant les premières femmes bibliothécaires françaises. Avant de disparaître sans laisser de trace. 1987 : Wendy Peterson, écrivain en herbe, tombe par hasard sur une référence à Jessie Carson dans les archives de la NYPL. Fascinée, elle entame des recherches et découvre que sa vie et celle de la jeune femme sont étonnamment liées. Inspirée de l'histoire extraordinaire et méconnue de ces femmes décorées de la Croix de Guerre, La Brigade de Miss Morgan est un hommage vibrant au pouvoir de la lecture et au courage de changer les choses.
Avis des bibliothécaires : Quand j’ai commencé ce livre, j’ai cru à une mauvaise fiction. Une bibliothécaire jeunesse envoyée par la New York Public Library sur le front de la Première Guerre mondiale pour distribuer des livres ? Sérieusement ? Même moi, qui suis hyper engagée, je n’arrivais pas à croire que quelqu’un, en dehors de nous, les médiathécaires, ait pu penser que c’était indispensable. En pleine guerre. Comme si les livres pouvaient compter quand tout s’écroule. Et pourtant… ce roman m’a retournée. Parce qu’il ne parle pas juste de livres. Il parle de dignité, de résilience, de reconstruction. Il parle de ce que nous faisons chaque jour : tendre des histoires comme on tend une main. Offrir un espace, une respiration, une échappée. Même quand tout vacille. « Jeanne s’agrippa au petit roman comme à une bouée. » (p.294) Moi aussi, parfois, les livres m’ont empêchée de couler. Et j’ai vu des gens s’y accrocher comme à une planche de salut. Et là, j’ai compris : ce n’est pas une invention. La Brigade de Miss Morgan a vraiment existé. En 1917, Anne Morgan, fille du banquier J.P. Morgan, a fondé le Comité américain pour les régions dévastées. Elle a recruté des femmes américaines, dont Jessie Carson, bibliothécaire à la New York Public Library, pour venir en aide aux populations civiles françaises. Et oui, elles ont apporté des livres. Elles ont créé des bibliothèques dans les villages détruits. Elles ont transformé des ambulances en bibliobus. Parce qu’elles croyaient que la lecture pouvait reconstruire autant que les briques. Et elles ont été décorées de la Croix de Guerre. Et puis ce n'est pas vrai, ce n'était pas mieux avant c’était tout au pire, pareil : « Quand j’ai su qu’il y avait une dame bibliothécaire, j’ai pensé que c’était une bonne chose. Son aveu m’étonna. Après tout, poursuivit-il, il faut bien épousseter les rayons. Je fronçai les sourcils. Les seules choses qui doivent être époussetées ici, ce sont vos idées vétustes. » (p.294) Voilà. Tout est dit. Ce mépris, cette condescendance, on y est confrontés encore aujourd’hui. Mais on est là. On tient les murs. On fait respirer les quartiers. On fait du lien. On fait du bien. J'ai refermé ce livre avec une énergie nouvelle. Une envie de continuer à faire ce que je fais, là où je suis. Actuellement dans un centre de rééducation, entourée de personnes éloignées de la lecture, je vais tenter, avec mes livres, mes histoires, ma présence, d’apporter un peu de réconfort. Parce que je sais que ça peut faire du bien. Parce que je sais que ça compte. Ce roman m’a rappelé que notre métier est bien plus qu’un service public : c’est une mission humaine, essentielle, profondément puissante même si certains en doutent toujours !!!
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Avis des lecteurs
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Quel beau métier !!!
Quand j’ai commencé ce livre, j’ai cru à une mauvaise fiction. Une bibliothécaire jeunesse envoyée par la New York Public Library sur le front de la Première Guerre mondiale pour distribuer des livres ? Sérieusement ? Même moi, qui suis hyper engagée, je n’arrivais pas à croire que quelqu’un, en dehors de nous, les médiathécaires, ait pu penser que c’était indispensable. En pleine guerre. Comme si les livres pouvaient compter quand tout s’écroule. Et pourtant… ce roman m’a retournée. Parce qu’il ne parle pas juste de livres. Il parle de dignité, de résilience, de reconstruction. Il parle de ce que nous faisons chaque jour : tendre des histoires comme on tend une main. Offrir un espace, une respiration, une échappée. Même quand tout vacille. « Jeanne s’agrippa au petit roman comme à une bouée. » (p.294) Moi aussi, parfois, les livres m’ont empêchée de couler. Et j’ai vu des gens s’y accrocher comme à une planche de salut. Et là, j’ai compris : ce n’est pas une invention. La Brigade de Miss Morgan a vraiment existé. En 1917, Anne Morgan, fille du banquier J.P. Morgan, a fondé le Comité américain pour les régions dévastées. Elle a recruté des femmes américaines, dont Jessie Carson, bibliothécaire à la New York Public Library, pour venir en aide aux populations civiles françaises. Et oui, elles ont apporté des livres. Elles ont créé des bibliothèques dans les villages détruits. Elles ont transformé des ambulances en bibliobus. Parce qu’elles croyaient que la lecture pouvait reconstruire autant que les briques. Et elles ont été décorées de la Croix de Guerre. Et puis ce n'est pas vrai, ce n'était pas mieux avant c’était tout au pire, pareil : « Quand j’ai su qu’il y avait une dame bibliothécaire, j’ai pensé que c’était une bonne chose. Son aveu m’étonna. Après tout, poursuivit-il, il faut bien épousseter les rayons. Je fronçai les sourcils. Les seules choses qui doivent être époussetées ici, ce sont vos idées vétustes. » (p.294) Voilà. Tout est dit. Ce mépris, cette condescendance, on y est confrontés encore aujourd’hui. Mais on est là. On tient les murs. On fait respirer les quartiers. On fait du lien. On fait du bien. J'ai refermé ce livre avec une énergie nouvelle. Une envie de continuer à faire ce que je fais, là où je suis. Actuellement dans un centre de rééducation, entourée de personnes éloignées de la lecture, je vais tenter, avec mes livres, mes histoires, ma présence, d’apporter un peu de réconfort. Parce que je sais que ça peut faire du bien. Parce que je sais que ça compte. Ce roman m’a rappelé que notre métier est bien plus qu’un service public : c’est une mission humaine, essentielle, profondément puissante même si certains en doutent toujours !!!
SABRINAL - Le 03 septembre 2025 à 22:08